Bouddhisme du troisième millénaire

La Soka Gakkai

Histoire et conviction de la Soka Gakkai

L'époque où, sous la direction de son premier président, Tsunesaburo Makiguchi, la Soka Gakkai s'est dressée pour transmettre la Grande Loi, les pratiquants en étaient venus à oublier le sens des rétributions négatives. [ ... ] [ Or, ] bienfait et rétribution négative sont la réalité de la vie quotidienne et ce sont ces deux aspects qui font toute la valeur de notre vie. Tous ceux qui avaient oublié cette théorie précieuse, quand M. Makiguchi, l'exposa furent embarrassés. Quand je me remémore leur étonnement, j'ai envie de rire.

La rétribution négative

Quand on est face au Gohonzon, à droite est inscrit : "Celui qui s'oppose à la Loi (violemment) aura la tête brisée en sept morceaux". Si ce n'est pas la théorie des rétributions négatives, alors qu'est-ce que c'est ? A gauche du Gohonzon est inscrit: "Celui qui fait un don recevra le bienfait de devenir un bouddha qui aura les dix attributs." Cela ne signifie-t-il pas qu'il donnera le bienfait ? [ ... ] Nichiren Daishonin dit dans le "Traité sur les persécutions subies par le Bouddha" (GZ p. 1190) : « A l'époque de Mappo aussi bien qu'aux époques qui précédèrent, les rois, les officiels et les personnes ordinaires qui ont dénigré les pratiquants du Sûtra du Lotus ont paru tout d'abord n'encourir aucune punition, mais en définitive, ils furent tous condamnés à tomber en enfer »

Nichiren Daishonin dit encore: « La mort de Ota Chikamasa, de Nagasaki Tokitsuma et de Daishin-bo, par exemple, dont les chutes de cheval furent mortelles, peut être attribuée à leur traîtrise à l'égard du Sûtra du Lotus. Il y a quatre sortes de rétribution négative: collective et individuelle, apparente et inapparente. Les grandes épidémies, les famines dans tout le pays, les luttes intestines et l'invasion étrangère subie par le Japon sont une rétribultion négative collective. Les épidémies sont également une rétribution négative inapparente. La mort tragique de Ota et des autres est une rétribution négative à la fois apparente et individuelle. Chacun de vous doit faire preuve du courage d'un lion et ne jamais céder aux menaces de qui que ce soit. »

[ ... ] Le président Makiguchi avait fait sien cet esprit et sans aucune peur, a exposé la théorie de la rétribution négative et a été confronté à des difficultés venant de l'intérieur comme de l'extérieur de l'organisation. C'était juste au moment où notre pays entrait dans la guerre du Pacifique et tombait dans le monde de l'enfer.

[ ... ] Aux États-Unis, la philosophie dominante était le "pragmatisme" de Dewey, alors que le gouvernement militariste du Japon essayait d'unifier le pays autour du shintoisme, enseignement inférieur et erroné. La victoire ou la défaite n'étaient pas seulement une question de troupes ou de matériel. Elle était déjà décidée par ce choix philosophique. Et, à ce moment-là le président Makiguchi avait sévèrement mis en garde les pratiquants contre le fait de prier devant un kamifuda (une amulette shintoiste dont le gouvernement avait rendu le culte obligatoire) en expliquant qu'il s'agissait d'un acte d'opposition à la Loi bouddhique. [ ... ] Les inepties fleurissaient. Ayant peur de voir le Japon divisé, le gouvernement avait entrepris d'unifier les religions. Les gens commencèrent à considérer comme ennemis du pays et nourrissant des idées antimilitaristes tous ceux qui ne priaient pas la divinité Tensho Daijin.

La traîtrise des moines

[ ... ] A cette époque, le Temple principal avait peur de l'attitude du président Makiguchi qui voulait rester fidèle jusqu'au bout au testament de Nichiren Daishonin et de Nikko Shonin. Ce testament dit que si un pays, une famille ou une personne s'oppose à l’enseignement de Nichiren Daishonin, il recevra une rétribution négative. Le Temple principal semblait avoir peur des représailles du gouvernement militariste si des pratiquants refusaient d'installer leur autel shintô. En juin 1943, des responsables de Gakkai avaient été envoyés au Temple principal et lors de ce séminaire, le maître Jikkai Watanabe en présence de deux grands patriarches, avait conseillé aux membres de recevoir, pour la forme, le kamifuda.

Dans les lettres posthumes de Nikko Shonin, il est dit : "Même si c'est le grand patriarche de votre époque qui prêche un enseignement contraire à l'esprit du bouddhisme, il ne faut pas le suivre." C'est dans cet esprit que le président Makiguchi a répondu qu'il ne recevrait jamais de kamifuda. Sur le chemin du retour, il dit à ceux qui l'accompagnaient: "Ce n'est pas la perte d'une école que je déplore, c'est la perte d'un pays. Je crains la tristesse de Nichiren Daishonin, le fondateur. Ne serait-il pas temps de faire des remontrances à l'État. Je ne comprends pas ce que ces moines redoutent." En effet, les paroles d'or de Nichiren Daishonin sont rigoureuses. On ne doit pas avoir peur de l'autorité. Le gouvernement militaire, d'une façon insensée, jugea des innocents coupables pour le seul motif qu'ils refusaient de vénérer Tensho Daijin et emprisonna 21 responsables de Gakkai. En voyant ce que furent l'embarras et la surprise des pratiquants, la confusion des moines du Temple principal soulève l'indignation.

Les persécutions

On refusa à ceux qui soutenaient le président Makiguchi d'aller au temple principal. Tout le pays nous insultait, nous traitant d'ennemis de la nation (antipatriotisme). Même replacé dans le contexte de l'époque, c'était ridicule. Quant à ceux qui furent emprisonnés, je les plains. Ils se lamentaient en voyant leur entreprise s'effondrer, les créanciers les poursuivre. Certains avaient perdu leur travail et leurs moyens de subsistance. Ils voyaient leur famille délaissée par leurs amis. Ces familles furent les premières à douter et à abandonner leur foi. Leur conviction était faible, Elles étaient peu versées dans l'étude. Les responsables emprisonnés, eux aussi, l'un après l'autre, abandonnèrent leur foi. Quelle tristesse !

[ ... ] Dix-neuf des vingt-et-un principaux responsables renièrent leur foi. Seules trois personnes, le président T. Makiguchi, le directeur général J. Toda, le directeur S. Yajima, restaient fermes. Tant il est difficile de croire en la Loi correcte.

Le président Makiguchi gardant intact son honneur, mourut finalement en prison, de malnutrition, le 18 novembre 1944. Je (Josei Toda) n'ai pas appris tout de suite sa mort. A l'automne 1943, nous avions été séparés à la préfecture de police, et avions ensuite mené une vie très isolée chacun dans notre cellule de 3 tatamis (5m² environ). J'ai noué le lien de maître et disciple à l'âge de 20 ans et depuis j'ai vécu ce lien, plus profond que celui qui nous attache à nos parents. Chaque jour, j'ai prié le Gohonzon dans ma cellule. [ ... ] Le 8 janvier 1945, un an et demi après avoir été jeté en prison, on me dit juste ces mots: "Makiguchi est mort." Rentré dans ma cellule, j'ai passé toute la journée à pleurer.

[ ... ] Au cours des interrogatoires, j'ai appris que tous mes compagnons étaient en train d'abandonner leur foi. L’amertume me serrait la gorge! Mais aussi une profonde gratitude jaillissait de ma vie. J'ai décidé de donner ma vie entière au Bouddha. Les réalités d'une guerre finissant en défaite se faisaient ressentir même en prison. L’image de ma femme et de mon fils souffrant de la faim apparaissaient devant mes yeux.

[ ... ] Les jours se succédaient avec la récitation de daimoku, la prière, la joie. Cependant, mystérieusement, la haine du juge Kazuma vis-à-vis de moi devenait plus haute que la montagne, plus profonde que la mer. En ce qui le concerne, la rétribution de la Loi est apparue rigoureusement. Il en était venu à m'interroger sur la doctrine d'Ichinen Sanzen de Tien-t'ai, quand il tomba dans une dépression profonde, et du 18 décembre au 8 mars, il devint incapable d'écrire une seule ligne. Il dut renoncer à exercer en tant que juge. Après avoir tourmenté, méprisé mon maître, m'avoir haï, s'être moqué de moi, avoir conduit mes compagnons à trahir, il fut détruit en tant que magistrat. Je n'ai pas eu l'occasion d'avoir de ses nouvelles depuis.

[ ... ] Le 3 juillet, je fus enfin libéré. L’indignation qui m'a submergé à mon retour ne peut être mesurée que par le Bouddha. Je ne pouvais trouver aucune trace de la Soka Gakkai.

Par exemple, M. Einosuke Inaba avait été si frénétiquement roué de coups et torturé par un fonctionnaire de la police spéciale qu'il avait tenté de se suicider en se jetant du premier étage de la prison pendant un interrogatoire. Je le trouvais comme un animal, terrorisé à l'idée d'être condamné à 4 ans de prison. Les autres responsables avaient tous, sans exception, abandonné leur foi. Je ne pouvais m'empêcher de ressentir ma solitude. Même M. Shushei Yajima, était terré comme une bête tremblante, survivant blotti dans sa tanière, misérable.

La reconstruction

[ ... ] A ce moment, et jusqu'en février-mars 1946, seuls, parmi les membres de l'organisation, s'étaient rassemblés autour de moi Yasu Kashibawara, Mme Mio lzumi, Shushei Yajima, Kooji Harashima, Takashi Koizumi et Takeihisa Tsuji. Dès lors, je leur ai enseigné à nouveau la doctrine de la Nichiren Shoshu, la grande force de la Loi et du Bouddha, contenus dans le Dai-Gohonzon et j'ai commencé à planter la forte conviction de ne jamais abandonner la foi quelles que soient les difficultés. Je leur ai enseigné ce qu'est la foi correcte, et que transmettre la Loi était la volonté de Nichiren Daishonin.

A l'automne 1946, la reconstruction de la Soka Gakkai a pu démarrer, mais on manquait encore de personnes de valeur. Le pouvoir de croyance était faible, le niveau d'étude bouddhique était bas. [ ... ] Pour cette raison, j'ai commencé en priorité l'entraînement de shakubuku. [ ... ] Nous expérimentons jour et nuit, avec notre propre corps, avec notre propre vie, que c'est le bouddhisme qui nous conduit au véritable bonheur.

[ ... ] Bien que la civilisation progresse dans le monde, si nous devons persister à régler les conflits par la force et par le combat pour le pouvoir, en négligeant les solutions de bon sens entre nations, aucun véritable bonheur ne sera possible pour l'humanité. Si la guerre nucléaire par malheur éclatait, tous les peuples du monde prendraient inéluctablement le chemin de la destruction. Je suis convaincu que c'est pour une telle époque que Nichiren Daishonin a laissé une grande religion capable d'empêcher la destruction de l'humanité. [ ... ] Comme nous le lisons matin et soir dans le texte de méditation, avoir la possibilité de "rencontrer" Nichiren Daishonin, qui possède les trois vertus de souverain, maître et parent, est un privilège immense sans proportion avec nos mérites. Nous sommes comme les sujets de Nichiren Daishonin, comme ses enfants, ses disciples. Pouvoir devenir sujet, enfant et disciple de Nichiren Daishonin, Bouddha de tout l'univers, relève d'une causalité profonde de notre vie.

Ouvrir, montrer, faire comprendre, donner accès

De plus, c'est le lien avec Nichiren Daishonin, qui "ouvre, montre, fait comprendre, donne accès" (à l'état de Bouddha). [ ... ] Donc, nous qui avons pu reconnaître ce lien avant d'autres, avons la mission de transmettre à ceux qui souffrent le bienfait de ce Gohonzon. Nous sommes tels des conducteurs de pousse-pousse. Nous faisons monter les êtres humains égarés dans le véhicule et les amenons vers le Gohonzon. C'est là l'unique mission de la Soka Gakkai. Que la personne prenne ou non le trésor en pénétrant dans la montagne dépendra de sa foi, mais notre mission à nous, membres de Gakkai, est simplement de les conduire vers le Dai-Gohonzon, montagne aux trésors.

Il ne s'agit pas de rechercher les honneurs par le biais de la religion. Encore moins de devenir des hommes d'affaires de la religion comme dans ces nouvelles sectes dont le seul objectif est de gagner de l'argent. Désirer seulement le bienfait immédiat et ne pas parvenir à connaître le véritable bienfait du bouddhisme de Nichiren Daishonin serait vraiment dommage. [ ... ] Grâce au bienfait du Gohonzon, j'ai pu m'apercevoir de mes fautes dans cette vie. J'ai connu le bout de la souffrance. [ ... ] J'ai plongé la tête la première dans les difficultés, mais quelle gratitude je ressens vis-à-vis du principe de l'allègement du karma !

En reconnaissant les Trois Obstacles et les Quatre Démons décrits dans la "Lettre aux frères", mes larmes de gratitude ont coulé. On y lit : « Profonde, la doctrine d’ichinen Sanzen révélée dans le cinquième volume du Maha Shikan, l'est encore davantage. La propager, c'est à coup sûr favoriser l'apparition des démons. S'ils ne se manifestent pas, on ne saurait alors estimer s'il s'agit bien de la Loi correcte. » (GZ p. 1087)

La présidence de la Soka Gakkai

Depuis que la soka Gakkai a été fondée, j'ai exercé les fonctions de directeur général. Il semblait que je n'étais venu au monde que pour assumer ce rôle de directeur général, près de M. Makiguchi, comme l'ombre et le corps, et partager avec lui la vie et la mort. Il était alors logique que je devienne président de la soka Gakkai, mais je ne le voulais pas. Comme j'avais peur de devoir assumer cette position s'il arrivait quelque chose à M. Makiguchi, j'ai d'abord été tenté de former aux qualités de futur président successivement plusieurs personnes. [ ... ] En 1945, après ma sortie de prison, je me suis efforcé de reconstruire la soka Gakkai, et je peux constater aujourd'hui que nous avons enfin atteint un niveau de développement suffisant pour compter à la fois de grands responsables et des membres dans la jeunesse. Mais, à cette époque, je n'avais pas encore décidé d'être président. Je restais attaché à mon siège de directeur général, nourrissant toujours l'espoir irréalisable de voir apparaître le futur président. A plusieurs reprises, le premier directeur, M. lzumi et la directrice, Mme Yasu Kashiwabara, m'ont pressé de devenir président. Mais je refusais fermement à chaque fois. Pourquoi tenais-je autant à ne pas être président? Je ne le comprenais pas moi-même. Maintenant, à la réflexion, je trouve cela normal: la mission de la soka Gakkai est d'une telle gravité, son apparition a un sens si profond, qu'en être président, je le savais, m'était impossible sans une conviction absolue. Comme je ne sentais pas une telle conviction en moi, je devais avoir peur. Souvenez-vous de la conviction de M. Makiguchi. Ne se dressait-il pas sur une base de conviction absolue ? Lors de la guerre du Pacifique, quand des moines voulaient lâchement se plier au diktat du gouvernement, M. Makiguchi avait déclaré que le seul moyen d'assurer la prospérité du pays était de faire des remontrances à l'Etat. [ ... ] Nous pouvons comprendre à quel point sa conviction était profonde. Malheureusement j'étais indigne. Je n'avais pas encore une conviction absolue. [ ... ] Puis je me suis décidé à occuper la place de président pour une seule et unique raison: consacrer ma personne indigne au Gohonzon.

Dès que j'ai laissé transparaître ma décision, le directeur général shushei Yajima, les responsables MM. lzumi, Morita, Baba, Kashiwabara, Harashima, Koizumi, Tsuji et d'autres, ainsi que des membres du département de la jeunesse, se sont mis en action pour appuyer ma nomination, et j'ai pris la succession de la présidence le 3 mai 1951. L’accord unanime des membres m'est apparu comme un ordre de Nichiren Daishonin.

Le président Makiguchi disait que si l'organisation ne parvenait pas à remplacer le provisoire par le définitif, c'était notre faute à nous, ses disciples. Les autres, comme moi-même, restions dans le plus grand embarras sans savoir que faire. Le jour de ma sortie de prison, en juillet 1945, j'ai pu répondre au défunt président de cette manière: "Notre vie est étemelle, sans commencement ni fin. J'ai pu prendre conscience que nous sommes apparus dans ce monde vêtus de la grande mission: avoir à propager le Sûtra du Lotus en sept caractères, dans ce monde des Derniers jours de la Loi. En nous appuyant sur cet Eveil, nous réalisons que nous sommes des bodhisattvas sortis de la Terre."

Auparavant, cette conscience avait pénétré invisiblement parmi les membres de Gakkai, mais cela restait encore particulier à chacun. Cette fois-ci, en revanche, c'est dans l'ensemble de l'organisation qu'est apparue cette conscience profonde et que nous avons démarré des activités basées sur une grande conviction, pouvant ainsi répondre au président Makiguchi : "Théoriquement, nous pouvons dire que nous sommes fondamentalement des bodhisattvas sortis de la Terre, mais du point de vue de la foi, nous faisons partie de la famille de Nichiren Daishonin et sommes ses plus jeunes disciples. Que l'on soit en présence des bouddhas et des bodhisattvas des trois phases de la vie et des Dix Directions, ou dans le fond de l'Enfer; nous récitons à haute voix les sept caractères du Sûtra du Lotus devant le Dai-Gohonzon enchâssé dans notre poitrine, notre unique fierté." [ ... ]


LES TROIS PRESIDENTS FONDATEURS

La vie des trois présidents de la Soka Gakkai rappelle par bien des points l’attitude de Nichiren Daishonin. Ils incarnent dans leur comportement la volonté de justice et la bienveillance du fondateur.

Tsunesaburo Makiguchi
Tsunesaburo Makiguchi

Qui est Tsunesaburo Makiguchi ?

Tsunesaburo Makiguchi naît le 6 juin 1871. Séparé très tôt de ses parents, il va devenir un élève brillant. Son intelligence et la vivacité de son esprit vont rapidement impressionner ses amis et son entourage.

A l'âge de 14 ans, il quitte son oncle pour s'installer dans la ville d'Otaru dans le Hokkaido (île nord du Japon). Tout en travaillant pour vivre, il suit des cours du soir. Son sérieux impressionne ses supérieurs, qui l'invitent à s'inscrire au cours de l'école normale. Il s'y présente en 1889. Cette entrée dans le monde de l'enseignement marque un tournant décisif dans sa vie. A cette époque, la vie à l'école normale se résumait à une discipline militaire: on ne parlait que patriotisme et respect dû à l'empereur.

Sa carrière d'enseignant commence en 1892, il a 21 ans. Il crée progressivement une nouvelle méthode pour un enseignement basé sur la réalité quotidienne des enfants et qui stimule leur participation. Entre 1895 et 1901, il publie un nombre important d’articles dans la ‘’Revue pour l’éducation’’ dans la région du Hokkaido. Il développe une vision nouvelle de la géographie. Rejetant la seule accumulation des connaissances, Makiguchi s’intéresse aux interrelations entre les êtres vivants et leur environnement. Sa conception de l'individu-créateur semble apparaître à cette époque. En 1897, il entreprend la rédaction d'un ouvrage de géographie à l'intention des éducateurs. Il consacre quatre années à cet ouvrage qui comptera plus de 2000 pages en 1901. La même année il part pour Tokyo, puis y publie son livre en 1903. Il est un moment attiré par la révolution sociale, mais il s'oppose à sa démarche violente. Pour lui, la transformation de la société doit passer par le développement spirituel individuel. En 1912, il publie un deuxième livre, "Etudes sur la culture populaire". En 1913, il est nommé directeur d'école. En 1920, il rencontre Josei Toda, Un jeune enseignant venu, lui aussi du nord du Japon. Une relation profonde de maître et disciple s'instaure entre eux. Toda commence dès lors à soutenir l'action de Makiguchi, qui va déboucher sur la publication de l'ouvrage" Soka Kyoiku Caku Taikei "(Education pour une vie créatrice de valeurs).

"Un enseignement qui sacrifie le bonheur présent de l'élève au nom du bonheur futur hypothétique viole à la fois la personnalité de l'enfant et le processus d'apprentissage lui-même" déclarait Makiguchi. Il prône une éducation faisant appel à la personne tout entière, fait de raison, d'émotion et de volonté. Il rejoint en cela la préoccupation des grands penseurs de l'humanité comme Victor Hugo qui déclarait: "Nous devons faire des hommes entiers, des hommes entiers ".

En 1928, Tsunesaburo Makiguchi rencontre le bouddhisme de Nichiren Daishonin par l'intermédiaire d'un autre directeur d'école. La logique de cette religion, l'accent mis sur l'action concrète dans la société, le fait qu'elle constitue une base spirituelle et philosophique pour la vie quotidienne, tout cela séduit Makiguchi qui se convertit. Pour réaliser son œuvre d'éveiller le potentiel de la vie humaine et de créer des valeurs dans l'éducation, Makiguchi et son disciple Toda fondent en 1930 l'association Soka Kyoiku Gakkai (Association pour une éducation créatrice de valeurs). A mesure que sa compréhension du bouddisme s'affirme,•la pensée de Makiguchi évolue: c'est la religion bouddhique de Nichiren Daishonin qui devient la base de la régénération, non plus seulement de l'éducation mais l'ensemble de la nation. Sa vision s'étend progressivement à l'ensemble du peuple et à ses conditions de vie. En 1939, le gouvernement japonais promulgue une loi ordonnant le regroupement de tous les courants religieux sous la bannière ultra-nationaliste du shintoïsme. L'héritage philosophique de Nichiren Daishonin se trouve menacé. Makiguchi commence alors son combat contre la dictature militariste japonaise. En s'opposant à cette unification de la pensée, il attire bientôt sur lui et sur l'association, des mesures de répression. En mai 1942, la revue de l'association est interdite. Le 6 juillet 1943, Makiguchi est arrêté avec son disciple Toda et une vingtaine de responsables du mouvement. Incarcéré dans des conditions extrêmement difficiles pour son âge (72 ans), il doit subir des interrogatoires répétés et poussés. Mais, comme le fondateur de notre école, Nichiren Daishonin, Tsunesaburo Makiguchi restera fidèle à ses principes et à ses convictions bouddhiques. Il s'éteint à l'hôpital de la prison, le 18 novembre 1944 à l'âge de 73.


Josei Toda
Josei Toda

Qui est Josei Toda ?

Josei Toda, lui aussi emprisonné et sans nouvelles de son maître, va commencer dans sa cellule sa quête de la boddhéité. En tant que disciple de Nichiren Daishonin et de Makiguchi, il va agir comme l'avaient fait avant lui tous les grands maîtres bouddhiques de l'histoire depuis Shakyamuni. Il s'appuie sur la récitation intensive de Nam Myoho Renge Kyo et sur l'étude du Sûtra de Lotus de Shakyamuni. Un jour il médite profondément sur le sens des trente quatre négations décrites dans le Sûtra aux sens infinis, préface du Sûtra du Lotus, il connaît l'illumination. En récitant Nam Myoho Renge Kyo, il ressent physiquement la réalité de ce que Nichiren Daishonin a inscrit sur le Gohonzon. Il vit concrètement la loi bouddhique. "La vie et l'univers existent simultanément. La vie n'est pas antérieure à l'univers, elle n'est pas non plus un phénomène qui se serait produit après la formation de l'univers, par hasard ou parce que quelqu'un l'aurait créé. L'univers en lui-même est la vie transmet-il de cette expérience. Affaibli et en mauvaise santé, Josei Toda sort de prison le 3 juillet 1945, quelques jours avant la reddition du Japon auprès des forces alliées, acte qui met fin à la seconde Guerre Mondiale dans le Pacifique. Il décide cependant dans ce pays ruiné par la guerre et les deux bombes atomiques lancées sur Hiroshima et Nagasaki, de reconstruire le mouvement bouddhique de Nichiren Daishonin en le nommant Soka Gakkai (Société pour la création des valeurs). Dans ce titre on peut voir que les préoccupations éducatives prioritaires de Makiguchi ont été remplacées par un souci de sauver l'ensemble de la population. Le bouddhisme de Nichiren Daishonin devient également la base unique de la philosophie de la vie que Josei Toda va commencer à enseigner. En 1947, dans une des réunions de discussion de la Soka Gakkai, Toda rencontre Daisaku Ikeda, un jeune homme de 19 ans qui va devenir son disciple, de la même façon que Toda avait été celui de Makiguchi ou que Nikko Shonin avait été celui de Nichiren Daishonin. Ce lien de maître et disciple, très puissant et très libérateur pour le disciple, est le moyen de développer l'état de bouddha de celui-ci. Il permet également de "faire tourner la Roue de la Loi ", c'est-à-dire d'assurer le développement et la progression de la Loi pour le bonheur du peuple. Josei Toda, deuxième président de la Soka Gakkai, et Daisaku Ikeda vont largement diffuser et enseigner le bouddhisme de Nichiren Daishonin, à une échelle encore jamais vue dans toute l'histoire de Japon.

La Loi bouddhique de Nichiren Daishonin va toucher le Cœur de très nombreuses personnes grâce à leurs efforts acharnés, et de nombreux édifices consacrés à sa pratique et à son étude vont s'implanter au Japon.

Le 2 avril 1958, après une vie consacrée à cet enseignement, Josei Toda s'éteint paisiblement.


Daisaku Ikeda
Daisaku Ikeda

Qui est Daisaku Ikeda ?

Daisaku Ikeda , philosophe bouddhiste, apôtre de la paix, auteur et poète, est le troisième président de la Soka Gakkai et le président fondateur de la Soka Gakkai internationale (SGI). Daisaku Ikeda est né à Tokyo, au Japon, le 2 janvier 1928, cinquième d’une fratrie de huit, dans une famille vivant de la culture des algues. La dévastation et l’horreur sans nom dont il a été témoin adolescent pendant la Deuxième Guerre mondiale sont à l’origine de la passion qu’il met depuis toujours à œuvrer pour la paix et à venir à bout des causes fondamentales des conflits humains.

En 1947, à l’âge de 19 ans, il rencontre Josei Toda (1900-1958), éducateur et dirigeant de la Soka Gakkai, et découvre en lui une personne simple et ouverte, un homme aux convictions inébranlables capable d’expliquer des concepts bouddhiques profonds en des termes logiques et accessibles. Il trouve bientôt un emploi dans une des entreprises de Josei Toda, puis termine ses études sous la tutelle de celui-ci, qui devient son mentor.

Daisaku Ikeda est nommé, le 3 mai 1960, troisième président de la Soka Gakkai. Dès la même année, il entreprend une série de voyages à l'étranger dans le but de transmettre le cœur de Nichiren Daishonin dans le monde entier. Son action est impressionnante. Il étend progressivement l'enseignement bouddhique à l'éducation, l'édition, la culture, et ainsi pénètre la vie sociale et politique du Japon. La Soka Gakkai devient dans la fin des années soixante l'une des plus grandes écoles bouddhiques du Japon. Dans le même temps, pour réaliser le grand vœu de Nichiren Daishonin - la paix et le bonheur de toute l'humanité et non seulement du Japon - le président Ikeda entreprend une série de voyages pour aller à la rencontre des plus grandes personnalités politiques et culturelles du monde entier.

Le 26 janvier 1975, Daisaku Ikeda fonde la Soka Gakkai internationale. Grâce à son action à la tête de la SGI, le bouddhisme de Nichiren Daishonin est actuellement présent dans 192 pays à travers le monde. Son objectif est de contribuer à la réalisation du bonheur de chacun et d'établir les bases pour la réalisation d'une paix durable. La SGI agit dans les trois directions que sont la paix, la culture et l'éducation.

Daisaku Ikeda est un fervent partisan du dialogue comme assise de la paix. Depuis les années 1970, il dialogue lui-même avec un large éventail de personnalités du monde dans les domaines politiques, culturels, éducatifs et universitaires. Pour encourager davantage le dialogue et la solidarité au service de la paix, Daisaku Ikeda a fondé plusieurs instituts de recherche indépendants et à but non lucratif qui favorisent une collaboration interdisciplinaire et interculturelle sur diverses questions. La Min-On Concert Association et le Tokyo Fuji Art Museum œuvrent à la promotion de la compréhension mutuelle et de l’amitié entre différentes cultures nationales par les arts.

Le principe fondamental de la pensée de Daisaku Ikeda, et du bouddhisme, est le caractère sacré de la vie, valeur qu’il considère essentielle à une paix durable et au bonheur de l’humanité. Selon lui, la paix mondiale repose en définitive sur une transformation intérieure volontaire personnelle, plutôt que sur les seules réformes structurelles ou sociétales. Cette idée est exprimée très succinctement dans un passage de son œuvre la plus connue, La Révolution humaine, version romancée de l’histoire et des idéaux de la Soka Gakkai : « La révolution humaine d’un seul individu contribuera à changer la destinée d’un pays et, par voie de conséquence, celle de l’humanité toute entière. »

LA SOKA GAKKAI INTERNATIONALE

Drapeau SGI

LA CHARTE

La SGI s’est donnée une charte pour éclairer son action internationale en faveur de la paix, la culture et l’éducation, et le rapprochement entre les peuples. Chaque association affiliée à la SGI dans le monde a également adopté cette charte.

PREAMBULE

Nous, organisations constitutives et membres de la Soka Gakkaï Internationale (SGI) adhérons au but fondamental et à la mission qui consistent à contribuer à la paix, la culture et l’éducation en se fondant sur la philosophie et les idéaux du bouddhisme de Nichiren Daïshonin.

Nous sommes conscients qu’à aucun autre moment de l’histoire, l’humanité n’a expérimenté une si puissante juxtaposition de la guerre et de la paix, de la discrimination et de l’égalité, de la pauvreté et de l’abondance qu’au XXe siècle ; que le développement de technologies militaires toujours plus sophistiquées, comme le montre l’exemple des armes nucléaires, a créé une situation ou la survie même de l’espèce humaine se trouve en jeu; que la réalité de discriminations ethniques et religieuses violentes entraîne un cycle infini de conflits ; que l’égoïsme de l’humanité et l’intolérance ont engendré des problèmes de dimension mondiale, notamment la dégradation de l’environnement naturel et l’élargissement du fossé économique entre nations développées et en voie de développement, avec de graves répercussions pour l’avenir collectif de l’humanité.

Nous croyons que le bouddhisme de Nichiren Daïshonin, philosophie humaniste fondée sur un respect illimité du caractère sacré de la vie et sur une compassion capable de tout englober, permet aux êtres humains de cultiver et de faire jaillir la sagesse qui leur est inhérente et, en nourrissant la créativité de l’esprit humain, permettra de surmonter les difficultés et les crises auxquelles l’humanité est confrontée afin de réaliser une société de coexistence prospère et pacifique. Nous, organisations constitutives et membres de la SGI, résolus à lever haut la bannière de la citoyenneté mondiale, de l’esprit de tolérance et du respect des droits de l’homme en nous fondant sur l’esprit humaniste du bouddhisme, et déterminés à surmonter les problèmes auxquels l’humanité est confrontée, à un niveau mondial, par le dialogue et des efforts concrets fondés sur un engagement constant pour la non-violence, adoptons cette charte qui affirme les buts et principes suivants :

BUTS ET PRINCIPES

1. La SGI s’engage à contribuer à la paix, la culture et l’éducation pour le bonheur et le bien-être de toute l’humanité en se fondant sur le respect bouddhique du caractère sacré de la vie.

2. La SGI, fondée sur l’idéal de citoyen du monde, s’engage à veiller au respect des droits humains fondamentaux et à ne pas créer de discrimination entre les êtres humains, quelle que soit leur origine.

3. La SGI s’engage à respecter et protéger la liberté de religion et la liberté d’expression en matière religieuse.

4. La SGI s’engage à œuvrer à la compréhension du bouddhisme de Nichiren Daïshonin par des échanges profonds, contribuant ainsi au bonheur de chacun.

5. La SGI s’engage, par le biais des organisations qui la constituent, à encourager ses membres à contribuer à la prospérité de leurs sociétés respectives en tant que bons citoyens.

6. La SGI s’engage à respecter l’indépendance et l’autonomie des organisations qui la constituent, en s’accordant avec les conditions qui prévalent dans chaque pays.

7. En se fondant sur l’esprit bouddhiste de tolérance, la SGI s’engage à respecter les autres religions, à dialoguer et à œuvrer avec elles à la résolution des problèmes fondamentaux auxquels l’humanité est confrontée.

8. La SGI s’engage à respecter la diversité des cultures et à promouvoir les échanges culturels ; afin de contribuer à la création d’une société internationale de compréhension mutuelle et d’harmonie.

9. La SGI s’engage à promouvoir la protection de la nature et de l’environnement en se fondant sur l’idéal bouddhique de symbiose.

10. La SGI s’engage à contribuer à la promotion de l’éducation, dans la recherche de la vérité aussi bien que dans le développement des connaissances, pour permettre à tous les êtres humains de cultiver leurs caractères et de goûter des vies épanouies et heureuses.